Lola Meotti travaille actuellement sur des projets qui verront le jour en 2022 et 2023 avec les institutions suivantes : La PFUE, Le Parlement Européen, Le conseil de l’Union Européenne, Le musée du Botanique à Bruxelles, le CAL de Charleroi, le CWB Paris, et la Maison des arts de Schaerbeek.


Le chant des sirènes est une exposition d’art contemporain organisée en partenariat avec le CAL de Charleroi, dans le cadre du festival LES FEMMES DE MARS. Celui-ci propose de nombreuses actions autour de la journée internationale des droits des femmes durant tout le mois de mars 2022.
Dans le chant des sirènes, des voix de femmes s’élèvent, bien éloignées des voix maléfiques et envoûtantes des sirènes de l’antiquité. Les femmes que l’on entend dans cette programmation convoquent la sirène en tant que dispositif d’alarme. Ce sont des sirènes qui alertent, qui nous réveillent au monde, et tentent de nous ouvrir les yeux sur des thématiques politiques ou sociales. Elles se font douces, mélodiques, saccadées ou violentes, en étroit dialogue avec l’actualité, elles nous adressent leurs messages sans détour et avec force.
Pour certain.e.s des artistes, le statut de la femme au sein de notre société est le sujet-même du travail. Ainsi Samuel Beckett, Olivia HernaÏz, Charlotte Couturier et Anna Raimondo nous proposent des personnages construits autour de récits ou de témoignages. Chez Beckett, la mise en scène est épurée de façon dramatique et le corps se réduit à l’expression d’une souffrance. Chez Olivia HernaÏz et Anna Raimondo, la tonalité est humoristique, bien que les situations provoquées par leurs propositions participatives mettent à jour des inégalités, des discriminations intrinsèques à notre société. Dans une perspective plus autobiographique, Charlotte Couturier utilise la forme de la conférence gesticulée, pour incarner son propre personnage et nous faire part de ses expériences personnelles, alors que de son côté, Kamand Razavi nous emmène dans un voyage visuel abstrait à la surface de son corps.
D’autres artistes choisissent de se faire les porte-voix de minorités, ainsi les personnes malvoyantes chez Ethel Lilienfeld, ou dans une approche politique plus globale, le peuple palestinien chez Larissa Sansour. Laurie Anderson et Camille Poitevin, avec quarante ans d’écart, nous emportent dans leur poèmes sonores, parodiant notre relation à la technologie, avec en filigrane les échos des drames de leurs époques. Enfin, Mathilde Chavanne, dans son documentaire-fiction Amour(s), aborde la thématique universelle des drames amoureux, mais activée par la voix des enfants.
La sirène, l’alarme, possède une voix propre, à l’échelle de son corps, de sa bouche, de sa structure-même. Les voix que l’on entend se font le héraut de leur propre difficulté à se faire langue, à parler de soi, à exprimer d’autres voix tout aussi silencieuses, tout aussi confisquées, entravées.
Lola Meotti